L’école ivoirienne face à l’érotisme et à la drogue
A la suite du phénomène des grossesses en milieu scolaire qui enregistrait déjà en 2015, 6000 cas dans les rangs des jeunes filles scolarisées, l’actualité de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire vibre désormais aux sons de nouveaux problèmes sociaux. Déjà qu’irrésolu, celui des grossesses en milieu scolaire ne cesse de freiner sinon abréger l’élan de scolarité des jeunes filles, d’autres types de perturbations sociales portant cependant atteintes aux mœurs font parler d’elles et en appelle à l’attention de plus d’un.
Dans le courant de l’année 2012, un couple d’adolescents vêtus de tenues scolaires se produisait en vidéo lors d’ébats sexuels dans une salle de classe d’un collège privé d’Abidjan. En 2015 au lycée municipal de Bouaké, l’on pouvait voir dans une vidéo, un adolescent de 16 ans administrer publiquement à une jeune fille du même âge probablement une camarade de classe, des attouchements peu décents dans la cour de l’école à l’heure de la pause. Plus tard en 2016, une vidéo très virale sur YouTube montrait une lycéenne de la commune d’Abobo, en pleine séance de strip-tease dans une salle de classe.
Il faut croire au regard des diverses scènes que la génération dite de relais courent à grandes foulées à la déroute et font ainsi évanouir si l’on abuse l’espoir de « la relève assurée » placé en eux. Quoi qu’on dise, la responsabilité de ces actes non exemplaires auxquels des élèves de Côte d’Ivoire sont sujets, est imputable en partie aux réalités mondaines du siècle présent et à l’usage démesuré du numérique. En effet, au travers de certaines productions cinématographiques ; vidéo-clips et émissions de télé-réalités viraux pour la plupart sur la toile et certaines chaines de télé privées, ces adolescents aux éducations inachevées viennent à joindre à leurs acquis comportementaux des attitudes à tendance perverses relevant de personnages célèbres et de scénarios télévisés. De l’autre côté, la souplesse de l’éducation parentale et aussi le renouveau de l’école ivoirienne qui tend implicitement à favoriser le laisser-aller, prétextant le droit à la liberté des jeunes gens ne sont pas exempt de reproches.
L’an dernier, une photographie très populaire sur Facebook dénonçait deux adolescentes se shootant en plein jour au cannabis. Les cas similaires sont légion dans nos établissements scolaires et concernent autant les jeunes filles que les jeunes garçons.
Dans un lycée d’Abidjan, précisément dans la commune de Cocody, des jeunes filles comme à leurs habitudes se donnent rendez-vous aux sorties des cours pour se défier au strip-tease à proximité de l’établissement sous des hangars inoccupés. Pour se faire donc, de petites culottes et sous-vêtements prévus pour la circonstance sont dissimulés sous les tenues scolaires et dans les sacs à main. Sans oublier les trousses de maquillage bien pourvues qu’elles s’offrent au prix de l’argent de poche donné par les parents. De leur côté, les jeunes garçons sont adonnés à la drogue pour un petit nombre plutôt discret.
Si en fin de compte les campagnes de lutte contre les grossesses en milieu scolaire ont porté des fruits au point de réduire le nombre de nouveaux cas de 25% (source gouvernementale) en 2016, il est à noter que la recrudescence de la délinquance juvénile et des pratiques érotiques en milieu scolaire n’ont encore fait l’objet d’aucune attention particulière. L’inexistence d’indices statistiques les décrivant démontre d’ailleurs l’inattention dévouée à ces problèmes sociaux qui à l’avenir risquent d’entacher sérieusement la réputation de l’école ivoirienne et partante de la société ivoirienne entière.
Relever au mieux le défi de la sensibilisation contre ces problèmes nouveaux est un impératif. Pour réussir cette mission, deux catégories d’acteurs gagneraient à s’accorder sur une stratégie commune. D’un côté les parents d’élèves responsables de l’éducation familiale et de l’autre les autorités éducatives de l’espace scolaire. Sans quoi, l’ampleur desdits phénomènes pourrait à terme porter le coup de grâce de l’incrédibilité à l’éducation nationale en Côte d’Ivoire.